[ rencontre ] REWU #05
20 juillet 2013. La Gaîté Lyrique. Paris

Le 20 juillet 2013 s’est tenue l’édition #05 de REWU à la Gaîté Lyrique, rencontre portée sur le langage des nouveaux médias, thématique proposée et portée par Anthony Masure. Cet événement a réuni universitaires, développeurs, artistes, activistes, ou acteurs institutionnels pour dialoguer sur ces questions.
Contributeurs. Anthony Masure, Robin de Mourat, Johanna Vaude.
Documentalistes. Catherine Di Sciullo, Élise Schweisguth, Laura Cattabianchi, Harold Foucher.

À propos de l’ouvrage « Le langage des nouveaux médias ».

Alors qu’aucune profession ne semble aujourd’hui échapper à l’usage des logiciels, par quelles disciplines théoriques faut-il passer pour penser ces «nouveaux» objets ? C’est précisément cette question que pose le champ des «software studies», ouvert par Lev Manovich et Matthew Fuller au début des années 2000 pour sortir d’une approche centrée sur la fonction et le mode d’emploi. En étudiant des programmes tels que Word, Photoshop, ou After Effects, ces auteurs analysent les fondements théoriques, historiques et idéologiques présidant à leur conception et à leur utilisation. Paru en 2001 (2010 en France), l’ouvrage Le langage des nouveaux médias a été internationalement salué par la critique. En élaborant un lexique et des modes d’articulation (les «opérations») propres au logiciels dits de création, Lev Manovich nous donne des clés de lecture essentielles pour comprendre notre époque.

Software Studies. Analyse par Anthony Masure.

La sortie en anglais du nouveau livre de Lev Manovich, Software takes command (juillet 2013), nous donne l’occasion de faire le point sur l’actualité et la singularité des «software studies». En quoi les concepts et catégories développées par Lev Manovich sont-ils pertinents pour désigner nos modes de relations aux logiciels ?

[ #REWU ] Anthony Masure. Présentation. from Sylvia Fredriksson on Vimeo.

1/ Média, multi-média, mono-média
Alors que l’on pense habituellement le numérique comme une imitation et une simulation des anciens médias, Lev Manovich montre que le développement des interfaces graphiques portait intrinsèquement en lui des caractéristiques nouvelles telles que le copier/coller, la recherche, ou le changement de vue. Pour Alan Kay, l’inventeur au Xerox PARC (à la fin des années 70) des interfaces graphiques, l’ordinateur est le premier «meta-médium», dont le contenu est « un panorama de médias déjà existants et de médias qui n’ont pas encore été inventés » (Software takes command, p. 44). En quoi les logiciels dits de création peuvent-il recevoir l’appellation de «médias» ? Lev Manovich s’approche t-il ou s’écarte t-il des théories développées par Marshall Mc Luhan ?

2/ Idéologies et formes symboliques de la création numérique
Un apport essentiel des «software studies» à la compréhension de nos environnements de travail consiste à analyser les fondements idéologiques et symboliques des logiciels de création. L’analyse que donne Matthew Fuller de Word nous permet de comprendre ce qui se cache derrière une interface pleine d’icônes : l’extention d’une vision du monde régie par le modèle du bureau et sa division des tâches en micro entités. De façon connexe, Lev Manovich analyse Photoshop, via Frederic Jameson, sous l’angle du «postmodernisme» (Le langage des nouveaux médias, p. 129) pour désigner le mode de production des images à partir de «sélections» dans des menus et «bases de données». Dans le champ des images animées, Manovich distingue deux modes : l’intégration « masquée » d’éléments hétéroclites (comme dans le film Titanic où «le problème ne consiste plus à savoir comment produire des images convaincantes mais comment arriver à les fusionner» et le «montage spatial» qui affirme la dimension hétéroclite des éléments présents dans l’oeuvre. En quoi ces analyses contribuent-elles à redéfinir les pratiques des artistes et designers ?

[ #REWU ] Anthony Masure. Design. from Sylvia Fredriksson on Vimeo.

3/ Design d’information et big data
Les big data désignent des données en grand nombre articulables à d’autres jeux de données (le web et le cloud computing en font donc partie intégrante). Elles ne peuvent plus être visualisées dans leur totalité mais doivent être traitées par des algorithmes complexes. Celles-ci peuvent provenir de sources libres ou propriétaires – ainsi de Facebook, Twitter, Amazon ou Google. Lev Manovich a récemment présenté le projet Phototrails.net, qui consiste à analyser le contenu de millions de photographies partagées sur Instagram. Il s’agit de visualiser les contenus des médias sociaux visuels, pour faire ressortir des «motifs» récurrents. Cette dernière partie de la table-ronde sera donc l’occasion d’échanger sur les formes émergentes de design d’information (« datavisualisation »). Comment représenter, non plus seulement les informations, mais les pratiques culturelles des images ?

Tables rondes.

Restitution des tables rondes. Groupe 1. Médias.

Restitution des tables rondes. Groupe 2.  Big Data et visualisation de données.


Corpus.

  • Soft Cinema. 2002-2005.
  • Software Takes Command. 2008.
  • The Language of New Media (Cambridge: MIT Press, 2001).
  • Database as a Symbolic Form (Cambridge: MIT Press 1998).
  • Tekstura: Russian Essays on Visual Culture (Chicago University Press, 1993).
  • The Engineering of Vision from Constructivism to Computer (University of Rochester, 1993).
  • Little Movies Vol.1: microcinema: cinema for the early Net 1994-1997
  • Freud-Lissitzky Navigator: Computer Game History Browser, 1999
  • Anna and Andy: a Streaming Novel Emotional Movie Engine, 1999–2000
  • FROZE 01 curated for Electronic Orphanage, 2001
  • DATA BEAUTIFUL for Mapping the Web Infome exhibition, 2001

Laisser un commentaire